Les baies romanes du donjon-palais du Rathsamhausen

Fin du 12ème siècle, le château du Vieux Lutzelbourg est détruit par un incendie. Le sieur de Lutzelbourg décide de reconstruire a quelques cent mètres au sud ouest son nouveau château. Celui-ci prendra, bien plus tard le nom de Rathsamhausen. Dans la première phase de construction, le burg couvre une surface modeste. Il est composé d’une haute tour, d’un logis et d’une petite cour cernée de hauts murs.

Nous avons rédigé plusieurs articles qui racontent l’histoire de ce ‘donjon-palais’ et décrivent quelques unes des splendeurs qu’il renferme. Aujourd’hui, nous étudions les baies romanes de la tour.


Les ouvertures du donjon-palais


La tour mesure une vingtaine de mètres de hauteur. Elle était lors de sa construction divisée en quatre niveaux : caves, deux étages d’habitation et greniers. Caves et greniers sont éclairés par de petits fenestrons romans percés dans les murs nord et sud.

Les deux étages d’habitation étaient accessibles par des escaliers de bois, extérieurs. La porte du premier étage se situe, coté nord, au dessus de la cour. La porte du deuxième étage était perchée au dessus du logis coté ouest. Deux autres portes donnaient sur deux bretèches, une au niveau du premier étage versant au nord, la seconde au deuxième étage, côté sud. Ces constructions de bois, accrochées sur les parois, dominaient la cour au nord et les fossés au sud.

Les deux étages d’habitation étaient éclairés par treize fenêtres romanes. ( six au premier niveau d’habitation et sept au second ). Toutes ces baies sont identiques. Simplicité, beauté, efficacité ! L’architecte du Rathsamhausen était économe de ses idées.

 

Pour relever les cotes de la baie nord-est du premier niveau, il faut se hisser à plus de 10 mètres du sol. Bigre !


Les baies romanes


S’il a répété treize fois le même modèle, le maître d’œuvre du Rathsamhausen a conçu et réalisé une petite merveille. Il lui fallait imaginer une structure qui traverse les murailles sans les affaiblir. Les murs du donjon palais présentent une épaisseur d’ un mètre soixante cinq centimètres.

Côté extérieur, les baies semblent rectangulaires. Hauteur : 1,15m. Largeur : 1,05m. La barre d’appui est d’un seul tenant, le linteau est deux parties, qui reposent sur un meneau d’une seule pièce. L’ensemble est surmonté d’un arc de décharge en plein cintre qui assure la solidité des murs.

Côté intérieur, chaque fenêtre est précédée d’une niche en plein cintre. La hauteur de la voûte permet à un homme de se tenir debout (1,75m). L’espace reste cependant exiguë : environ un mètre carré. Il est dépourvu de coussièges. En effet, le meneau déjà vu côté extérieur se prolonge à l’intérieur de la niche. Il supporte, à 35 cm en retrait de la façade, deux petits arcs romans. C’est à cet endroit qu’étaient posées les boiseries des deux petites fenêtres. A l’intérieur, comme à l’extérieur, on disposait de volets de bois. Des gonds de fer sont encore en place, côté extérieur. Un système de verrou en bois permettait de bloquer les volets, côté intérieur..

Le meneau se termine vers l’intérieur du logis par une fine sculpture en col de cygne aux deux bords chanfreinés.

L’ensemble formé par cette pierre et les deux petits arcs en plein cintre est élégant et de belle facture. Par contre, avec la fenêtre reculée par rapport à la façade et l’importance du remplage, la lumière qui pénétrait dans la pièce devait être fort réduite.

A l’origine, les fenêtres posées de plein pied sur les dalles du sol n’étaient pas pourvues de rambardes. Avec le sol au même niveau sur l’ensemble de la niche, il devait être aventureux de s’avancer pour observer les alentours.


Relevés de la baie romane



Illustrations


Photographies, PiP

Schéma de la baie, PiP

Schéma du meneau, AlP